Nous avons pris la route avec Tito un brésilien rencontré dans le train pour Agra.

Nous lui avons proposé de se joindre à nous pour partager un bout de voyage.
250 km nous sépare de Jaipur. Nous réalisons deux stops en chemin pour visiter Fatehpur Sikri, une ancienne cité Moghol fortifiée, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui fut la capitale de l’empire mongole. C’était la cité de l’empereur Akbar qui l’a construite pour remercier un saint Soufi qui lui prédit la naissance d’un héritier. Cette cité fût abandonnée peu après sa mort, par manque d’eau car elle fut édifiée dans un endroit pas suffisamment irrigué.

Quelques kilomètres plus loin nous découvrons le puit aux multiples escaliers qui servait, à l’époque, à conserver l’eau de la mousson pour le village. Aujourd'hui les indiens s'y baignent lorsque le puit est rempli par l'eau de la mousson. C'est un peu la piscine municipale du coin. C’est un lieu spectaculaire. Les nombreuses marches et niveaux donnent un certain vertige car nos yeux ont du mal à faire la mise au point. Le lieu est très graphique il donne l’impression d’une illusion d’optique ou d’un tableau d’Escher. L’accès aux marches est aujourd’hui interdit par mesure de sécurité, un gardien nous explique que les touristes y perdaient leurs téléphones, entre autres.

En arrivant sur Jaipur nous avons le plaisir de découvrir notre hôtel digne d’un Maradjah. La déco y est kitch et surchargée, mais bien assortie.

Éléonore de carnet de voyage, qui organise notre trip nous a programmé des visites à l’écart du tourisme de masse afin de découvrir la vie des indiens, derrière les murs de leur maison.
Nous partons donc pour visiter la ville rose de façon authentique et en tout intimité.
Nous grimpons sur notre vélo à 6h du matin. C’est une façon amusante de découvrir les petites ruelles, les marchés locaux, les stands d’alimentations.
La circulation est moins dense à Jaipur, nous apprécions donc ce moment sans craindre de se faire écraser entre deux tucks-tucks.
Nous avons visité le « Rungis Indiens », petit marché local ou les restaurants et hôtels achètent par sacs de 35 kg les légumes et aromates. Les femmes portent les sacs. Les hommes font la comptabilité. Elles gagnent 10 roupies soit 13 ct par sac transporté. Certaines portent plus de 80 Kg sur la tête, par trajet. Le travail est harassant.

Notre guide nous explique qu’il est parfois en colère car les femmes qui font la manche près des lieux touristiques gagnent plus que celles qui travaillent. C’est une facette de son pays qu’il n’aime pas, il voudrait que le travail soit récompensé.
Il ajoute qu’il espère se marier un jour avec une femme qui travaille et qui pourra faire la fête avec lui. La jeunesse moderne d’Inde fait avancer les choses progressivement… l’Inde est en mouvement cela ne fait aucun doute.
Dans la matinée nous posons nos vélos pour prendre le petit déjeuner chez une famille indienne, qui nous avait préparé une boulette de pois chiche et une soupe de Dhal. Nous avons pu nous installer dans la pièce principale de la maison qui sert également de chambre à 5 personnes habitant ici. L’habitation de cette famille est composée d’un couloir ou dorment les vaches, d’une cour ou ils font sécher les excréments de vaches pour s’en servir comme charbon, d’une cuisine, et de la pièce principale et chambre, qui nous a servi de salle à manger quelques minutes. C’était un moment que nous retiendrons, tout en pudeur, nous avons pu voir comment vivent les indiens moyens.

Nous poursuivons notre après-midi avec Radu notre guide français. Il nous accueille chez lui pour déjeuner, ou nous dégustons un  simple mais merveilleux repas réalisé par sa maman.  Radu est un jeune homme moderne dans sa façon de penser, il nous parle de son pays avec beaucoup d’humours et d’authenticités. Il respecte ses traditions et y est très attachés, mais semble ouvert sur l’évolution de sa société que cela soit sur le droit des femmes, et sur l’écologie. Il nous dit par exemple qu’il est agacé que des indiens mettent leurs déchets partout, il milite aujourd’hui pour que l’Inde soit plus respectueuse de l’environnement. Radu est végétarien, il ne comprend pas nos modes européennes sur le gluten free et le Lactose free. Nous avons beaucoup rigolé autour de ça. Il a pu nous dire " vous êtes bizarres en Europe".
Au moment où nous nous rendons au fort d’Amber nous passons devant une cour ou une vache vient de mettre bas. Radu s’inquiète de la laisser seule car ses propriétaires sont absents et si elle mange son placenta elle ne fera pas de lait. Il rapproche le veau de sa mère qui est frigorifié et cherche partout quelqu’un qui les connait. Suite à cet évènement nous manquons de temps pour visiter le fort, mais peu importe c’était tout aussi intéressant.

Radu nous ballade dans sa ville sans réelle intention, ni destination précise. Nous avançons juste en discutant sur la vie en Inde. Nous avons de la chance car nos guides sont des hommes d’une grande gentillesse et très solaire. Il inspire la joie de vivre et le respect. Nous passons d’excellent moment avec eux. Leurs présences contribuent grandement au fait que nous apprécions ce séjour. Sans eux, peut-être, que nous n’aurions pas apprécier le voyage à sa juste valeur.

Pour notre dernier jour à Jaipur nous partons visiter une imprimerie de tissus 100% artisanale et 100% naturelle.
Nous sommes seuls sur le site. Le propriétaire des lieux nous explique tout le processus et nous laisse même essayer de réaliser notre propre foulard avec les tampons et couleurs que nous souhaitons.

Il nous invitera ensuite à partager le déjeuner dans la maison de son frère. C’est très amusant et nous mesurons la difficulté du geste et la précision requise. Nous repartons avec du tissu pour réaliser des nappes en France et quelques cadeaux. Nous profitons de cet instant dans ce village reculé pour croiser de nombreux enfants. Je les trouve magnifiques et très joyeux. Ils jouent entre eux dans la rue avec peu de choses, juste beaucoup d’imaginations. Ils sont très attirés par notre présence et viennent nous saluer et nous parler. C’est très agréable pour moi de pouvoir être dans un échange naturel sans rapport à l’argent. Car dans les grandes villes la mendicité des enfants est très présente, il est donc impossible de leur parler ou de les prendre en photo sans payer. Un excellent moment pour résumer.

Nous avons également profité de notre présence à Jaipur pour découvrir les massages ayurvédiques. Pour ma part j’ai beaucoup apprécié. Erwan lui à choisi un massage « Hard ». Il a voulu faire son brave ;). Il a été un peu martyrisé. C’était très drôle car il était juste derrière le rideau et je l’entendais se faire taper par le masseur.
Erwan est également venu pratiquer le yoga avec moi, c’était chouette de lui faire partager ma passion.
Départ pour Puskar à 3 heures de route, nous entamons notre dernière semaine en Inde.