SAPA, nord Vietnam, petit village perché dans les montagnes.
Sapa est connu pour être la porte d'entrée dans le monde mystérieux des minorités ethniques et des paysages de brumes s'enroulant autour des sommets montagneux et des rizières. C'est un immanquable dans le nord du Vietnam.
Pourtant nous avons longuement hésité à nous y rendre. Pour plusieurs raisons :
Tout d’abord nous savons que Sapa est réputée pour ses randonnées à travers les rizières. Et avec des enfants il n’est pas sur que l’on excelle dans ce domaine.
D’autre part, Sapa ne reçoit pas que des avis favorables, et certains pensent que c’est devenu une usine à touriste.
Nous allons nous faire notre propre opinion. L’envie est trop forte de découvrir la montagne vietnamienne.
Nous partons par le train de nuit d’ Hanoi à 22H. Impossible de savoir l’heure d’arrivée car les vietnamiens sont très mauvais en anglais. Cela fait longtemps que l'on accepte de ne pas maîtriser !!
Le confort dans le train est sommaire, mais l’essentiel est là, un lit, une bouteille d’eau et des sanitaires. Nous avons pris des billets couchette, et contrairement à la Thaïlande, il n’y a qu’une seule classe. Les wagons sont découpés en compartiments de quatre lits. Pour économiser quelques euros nous ne réservons que 3 couchettes et décidons de faire dormir Juju et Côme ensemble. Nous nous retrouvons donc avec un compagnon Vietnamien qui partage notre box !! Un peu étrange au début car il s’assoie sur ma couchette et commence à prendre des photos avec les enfants !! Heuuu à quel moment tu vas dans tes quartiers mec???
J’ai du le virer au bout d’une heure car je voulais coucher les enfants !! Il était bien là à priori !!
8 heures plus tard nous arrivons à Lao Cai petite ville de transit où nous attend encore une heure de trajet en mini van pour rejoindre la ville de SAPA.
Nous découvrons les beaux paysages des rizières décorant les montagnes. Nous savons dès cet instant que nous avons fait le bon choix en venant ici.
Rapidement se pose la question de comment visiter les lieux sans achever les enfants par des randonnées interminables.
Nous décidons de louer des scooters pour 2h afin de repérer les lieux et d’établir un programme des jours à venir.
La visite est vite devenue compliquée car il fait très froid à Sapa. Oui j’ai oublié de le préciser mais nous sommes à 1500 mètres d'altitude. En toute logique nous ne sommes pas du tout équipé comme il faut avec nos sarouels et nos shorts légers. On enfile donc la totalité de nos vêtements, les uns sur les autres, pour se tenir chaud. Tout y passe même le pantalon de pyjama. Ce qui donne place à un look improbable.
On constate assez vite qu' ils existent de nombreuses routes, contrairement au Laos où le choix était très limité (une route au Nord/ une au sud). Il faut l'admettre rouler à la Bohème ne sera pas très convainquant sur ce coup là.
Retour donc à l’hôtel, pour discuter du planning de notre deuxième journée et dégoter quelques bons tuyaux avec le réceptionniste.
Avant cela une petite halte au marché.
Le lieu est un spectacle pour les enfants. Il ne faut pas être un fervent défenseur des animaux, et surtout avoir le coeur bien accroché ! La poissonnière coupe le poisson devant vos yeux alors qu'il est encore vivant ! Parfois son geste est hésitant et le poisson se débat au sol en tressautant. Alors que le boucher à côté expose la viande canine fièrement et propose d'en acheter le sang !
C'est décidé demain nous partirons donc visiter un village Mong à 3km avec un guide local pour éviter de se perdre.
Nous faisons la rencontre de Mi, au petit matin, une Vietnamienne habitant le village de Cat Cat. Petite brunette au large sourire, elle semble avoir à peine plus de 20 ans.
Nous partons d’un pas rapide pour notre trek. Rapidement Juliette et Côme traînent le pas, s’arrêtent pour regarder tout et n’importe quoi. Ils sont distraits par un camion , un oiseau… Mi nous met tout de suite à l’aise « nous avons tout notre temps, pas de problème ».
Elle parle un anglais parfait, elle nous explique l’avoir appris grâce aux touristes qu’elle rencontre depuis sa plus tendre enfance.
Sur le chemin elle nous propose gentiment de faire une halte dans sa maison. Celle-ci a été construite par son mari pendant 3 longues années. Elle est très spartiate, pas de porte d’entrée, des bâches en guises de toit, un sol en béton brut, et un foyer de cheminée au milieu de la cuisine pour tenir chaud. La photo de mariage du couple accrochée aux parpaings est le seul élément de décoration visible.
Mi nous confie avoir un petit bébé de 10 mois qui est actuellement gardé par sa maman qui habite le village. Son mari lui travaille dans les rizières.
Nous poursuivons notre chemin et descendons plus bas dans le village. Une petite porte en bois s’ouvre et laisse apercevoir une petite tête de bambin recouverte de suie et de saletés plus anciennes. La maison qu’il habite est plongée dans le noir, nous apercevons juste un foyer de cheminée qui illumine un peu la pièce de vie. Mi nous propose d’entrer, nous expliquant que c’est ici la maison du chamane. Il fait office de docteur dans le village et propose des breuvages pour soigner lorsque le médecin ne peut se déplacer.
La ballade se poursuit, nous croisons le bébé de Mi qu’elle nous présente fièrement.
Les petits chemins laissent place à une cascade puis à un petit pont qui franchit une rivière. Cette rivière est déviée et l’eau récupérée est utilisée comme force afin de faire tourner des roues et piler le riz en farine.
Cette belle matinée se conclut par une halte dans un petit restaurant du village que recommande Mi. Le repas est simple une soupe de Noodles avec deux tomates qui flottent dedans. Mais les propriétaires sont très accueillants et nous ouvrent leur maison. Côme et Juliette passeront un agréable moment à jouer dans le salon avec leur petit garçon.
Nous exprimons à Mi notre envie de poursuivre le lendemain la découverte de sa région avec elle.
Elle nous propose de ne pas passer par l’hôtel car ce dernier prend une commission importante. En effet, nous comprenons dans la conversation que Mi ne reçoit que 30 % du montant que nous payons, alors que c’est elle qui fait tout le travail. Un peu agaçant comme nouvelle.
Nous expliquons à Mi que nous souhaitons continuer notre découverte à moto de la région car nous restons persuadés que les routes cachent de beaux paysages. Nous convenons donc de nous retrouver devant l’hôtel demain matin afin qu’elle nous accompagne à moto.
La troisième journée fût merveilleuse. Mi nous a fait découvrir des panoramas somptueux. A sapa, vous pouvez donc sans souci découvrir les petits villages isolés sans randonner. Une bonne partie est accessible par la route. Il faut juste savoir laquelle.
Nous faisons halte dans un petit village perdu dans la montagne,dont j'ai malheureusement oublié le nom. Les enfants jouent au bord de la route, d'autre viennent nous vendre bijoux et sacs. Certains habitants nous tournent le dos comme apeurés, d'autres s'approchent et regardent nos petits.
Encore une fois le cadre qui nous entoure est incroyable et si différent de ce que nous avons déjà vu. Nos yeux se perdent devant la nature qui défile. Mais nous devons rester concentrés car la route est très mauvaise. Il faut être très attentif, les camions, dans les virages, empreintent la voie opposée sans se soucier de ce qui arrive en face (nous par exemple). Les deux roues s’engagent sans regarder si quelqu'un arrive, et les voitures doublent dans les virages … Nous avons eu deux trois frayeurs. Mais cela ne nous a pas fait renoncer.
Ce qui aurait pu nous faire rebrousser chemin en revanche, c'est une mauvaise rencontre au pied de la cascade. Nous arrivons au pied de la Sliver cascade à 15 km de SAPA. Et alors que nous nous garons, un homme vient nous demander de payer pour surveiller nos motos. Je lui répond " non merci c'est inutile". Ce à quoi il ajoute vos pneus vont être crevés si vous ne payez pas. Je lui ai tenu tête, mais j'avoue que tout le temps de ma ballade je me suis demandée comment j'allais retrouver mon scooter !! On a la main au portefeuille très souvent en Vietnam, c'est vite énervant ! Le bulldozer touristique est passé par là et les Vietnamiens l'ont bien compris !!
En rentrant au village, nous croisons un groupe de vietnamiens qui vient d'attraper un énorme serpent. Ils le manipulent sans crainte, lui attachent la tête, et le glissent dans le coffre du scooter pour ensuite le cuisiner et le manger. Mi nous rassure en nous disant que ce serpent n'est pas venimeux. Erwan une fois rassuré en profite pour le caresser !
Nous garderons un très bon souvenirs de Sapa. Je pense que la découverte peut être encore plus belle lors de longues randonnées. Peut être une autre fois avec de grands enfants...
Il est vrai que les femmes Mongs sont très présentes dans la ville pour vendre sacs, bijoux et bracelets, nous avons été interpellés quelques fois « do you buy me something » « do you want a shopping ». Mais c’est fait avec gentillesse et sourire. Il faut bien que ces minorités ethniques vivent de quelque chose. Et les enfants étaient tellement touchants à vendre leur artisanat que je n’ai pas résisté à ajouter un bracelet à mon poignet !!
Après trois jours de visites dans SAPA et ses environs nous reprenons la route pour rejoindre l’océan indien et l’île de Cat Ba située dans la baie d’ HA long.
Pour le voyage deux options s'offrent à nous: Soit nous reprenons le train de nuit pour Hanoi puis enchaînons avec un bus de jour, soit nous prenons un bus de nuit autrement appelé "Sleeping bus". Nous connaissons déjà le train, donc nous choisissons le Bus pour découvrir un autre moyen de transport. Il part vers 20H et doit arrivé vers 4H dans la vile d’ Along… oui oui 4H, mais selon le réceptionniste de notre hôtel nous avons la possibilité de continuer notre nuit dans le bus jusqu'à 7h (à voir).
Pour décrire le Sleeping bus c’est relativement simple: imaginer vous dans un avion avec des fauteuils un peu plus inclinés que la classe économique, puis 8 heures de turbulences, de décélérations et de virages et vous avez une vague conscience du voyage qui nous attend.