Nous voilà en route pour le Nord Ouest de l'île où à priori nous attend un spot de snorkeling incroyable avec une faune et une flore aquatique préservées du tourisme de masse. Avant cela il faut trouver le moyen de rejoindre cet endroit.
Nous négocions pour démarrer un guide qui nous emmènera à mi chemin à la petite ville de Bedugul réputée pour son Lac somptueux.
Le déplacement dans l'île n'est pas chose facile, car les bus locaux se font très rares. Il faut donc utiliser des taxis, et faire en sorte de ne pas se faire avoir par le prix ! Car bien sûr, aucune grille tarifaire n'existe. L'argument choc pour faire monter le prix est que la route est difficile, longue et abîmée.
Bref, nous trouvons un conducteur pour 450 OOO roupies la journée qui accepte de nous transporter, et de faire des haltes aux endroits immanquables. Quand je le vois arriver avec sa voiture tunée, rabaissée et son pot en échappement libre, je me dis qu'on va bien rigoler sur la route explosée. Peut-on appeler cela une route d'ailleurs ??
Nous voilà partis vers notre première halte au temple de la famille Royale Taman Ayun Temple Mengwi localisé dans le village de Candi Kuning. Il trône au milieu d'un jardin où la ballade ombragée s'avère très agréable. Nous n'avons pas la chance d'assister à une cérémonie, le lieu est désert. Mais le calme offre un parfum enchanteur. Les merus (sanctuaires à plusieurs toits) sont ici en chaume, ce qui donne au temple un caractère unique. Ce temple d'état est l'un des plus beaux du pays. Et dès l'arrivée, la grande porte vous donne un avant goût de l'architecture Balinaise que nous apprécions tant. Je dois dire que jusqu'à présent c'est ce que je préfère ici. Les petits détails colorés un peu partout sont très raffinés et plongent le pays dans quelque chose de très spirituel.
Pour atteindre Bedugul, j'avais précisé au chauffeur que je voulais emprunter une petite route payante sur plus de 18km à Jatuliwi, proposant un panorama sublime de rizières centenaires. Les terrasses de riz devraient bientôt figurer au patrimoine mondiale de l'Unesco, ce qui laisse présager de la beauté du lieu. Notre guide prétextant une route trop abîmée à décidé de rebrousser chemin juste devant l'entrée, nous laissant juste le temps de prendre une photo et de regretter déjà de rater ce moment.
J'étais furieuse, même si j ai vite compris que je n'aurais aucun poids dans sa décision. Il a cru qu'une simple photo comblerait mon envie de découverte !
Le scooter nous offre, encore une fois de plus, une liberté qu'il est impossible de retrouver avec un guide. Mais notre lourd sac à dos ne nous le permet pas pour cette fois ci...
Sur le chemin nous tombons par hasard sur un combat de coq dans un petit village.
Nous nous frayons un chemin parmi tous les hommes du village pour découvrir cette coutume ancestrale. Je suis la seule femme de l'assistance avec mes bambins mais je suis malgré tout très bien accueillie. Le principe est simple. Chaque homme du village amène son coq préféré qui devra en combattre un autre. Pour accélérer le processus une lame de couteau est placée sur la pâte de l'animal. Chaque villageois mise avec son voisin sur le gagnant et le combat peut démarrer. Rapidement, un des coqs s' effondre. Pas le temps de lâcher son dernier souffle qu'il est plumé à l'arrière de l'arène, et cuisiné dans la foulée ! Un instant très pittoresque si l'on met de côté la cruauté du moment. En même temps, finir acclamé ou bien dans un abattoir électrocuté les pieds accrochés et la tête en bas, je ne sais pas ce qu'il faut le plus blâmer ?
En arrivant à Bedugul nous avons pris plaisir à nous détendre, après cette longue journée de route, dans le jardin botanique de la ville. Un lieu où les familles balinaises viennent partager un repas à l'ombre d'un arbre centenaire. Ce jardin de 154 hectares abrite une vaste collection d'arbres et de fleurs. La promenade y est très agréable et bien ombragée. Attention, cela grimpe pas mal avec des petits et on est vite éloigné de la sortie, il ne faut pas se décourager !
Deux jours plus tard, avant de reprendre la route vers le nord pour Pemuteran, nous faisons la visite du Lac Bratan et son fameux temple Pura Ulun Danu. Nous préférons le faire au petit matin afin que la lumière soit plus belle, et surtout car dans la région le temps se couvre tous les après midi.
Ce temple est dédié à la déesse de l'eau Dewi Danu c'est pourquoi il est construit autour d'îlots, eux même entourés entièrement par le lac Bratan. Nous décidons de louer un petit bateau et de naviguer sur le lac, une belle expérience vu que nous y sommes seuls. Nous longeons le lac et découvrons des petites cabanes de pêcheurs. Le bateau frôle la berge et nous nous retrouvons à flanc de montagne. Un moment donc très sympa pour 8 euros les 15mn. Je conseille donc avec des enfants c'est plaisant !
Avant de quitter le temple nous avons la chance d'assister au début d'une cérémonie hindoue. Le défilé des habitants endimanchés aux sons des tambours était féerique.
Lorsque nous quittons Bedugul, nous devons gravir la montagne pour ensuite redescendre vers Munduk.
La route offre un panorama à couper le souffle sur les trois lacs ( Bratan, Buyan et Tamblingan) se succédant dans la région. C'est un enchantement, la route serpente à travers les champs de mandariniers, d’œillets d’Inde, d’hortensias ou de bougainvilliers. La température est plus fraîche et les paysages sont verts car la pluie est fréquente dans la région.
Nous l'avons faite sous des trombes d'eau et n'avons donc pas pu déjeuner sur place. La mousson entremêlait les lacs, la terre et le ciel. Un paysage apocalyptique.
Si ce n'est pas votre cas et que le soleil est clément, vous pourrez vous poser sous une petite cabane en bambou et manger un plat local pour quelques roupies en admirant la vue.
Le village de Munduk que nous traversons sous la pluie est très mignon. Les maisons sont d'inspirations coloniales et donnent sur un environnement très vallonné. C'est d'ici que démarre d'ailleurs beaucoup de treks.
Vous pouvez par exemple, y voir une cascade en seulement une heure de marche aller/retour. Ce qui n'a pas été possible pour nous vu le temps.
Munduk a pour spécialité les clous de girofle, le café et le cacao. Les petites fleurs de clous de girofles, qui servent ensuite à faire des cigarettes, sont attrapées au sommet grâce à des bambous transformés en échelle. Un travail très dur semble t-il car il faut grimper dans les arbres comme des singes sur parfois 15 m!
Avec du recul, je pense qu'il est préférable de dormir sur Munduk, c'est beaucoup plus charmant, intime et le paysage en terrasse offre une vue plus spectaculaire.
La route nous emmène ensuite aux sources chaudes de Airpanas Banjar. Joliment situées au milieu de plantes tropicales, nous avons pu nous baigner dans une eau à 38 degrés.
La source chaude est naturelle et se déverse des Nagas de pierres, aux visages féroces.
On peut même se mettre sous les jets parfois puissants pour se faire masser.
Un agréable moment que l'on peut poursuivre par un massage pour 75000 roupies si on le souhaite.
L'eau est légèrement sulfureuse, et bonne pour la peau que nous retrouvons douce en sortant.
Durant le trajet nous reprenons le temps d'aborder de nouveau avec notre guide le sujet des déchets. Il fait parti d'une association pour la sauvegarde de son île sur le plan environnemental. Il nous explique qu'il n'existe aucun "process" pour se débarrasser du plastique sur l'île. Il explique que le gouvernement ne se soucie absolument pas du sujet et qu'il n'apporte aucune subvention pour améliorer les choses. Il ajoute que régulièrement les balinais se regroupent sur la plage pour nettoyer les déchets apportés par les fortes vagues ou marées. Mais que c'est un travail sans fin car Bali est enclavée entre Java et Lombok ce qui ramène une multitude de déchets. Bali est une île et donc subit de plein fouet l'incivilité mondiale qui se passe en mer. L'avenir inquiète beaucoup la population car les gens savent que les touristes sont friands des lieux préservés et protégés. Et qu'à terme cela peu fortement jouer sur le tourisme.
Bali est vraiment un lieu magnifique et peut-être même le plus beau de notre voyage après le Vietnam sur le plan des paysages, mais également le plus touristique. Ce qui nous déçoit le plus, ce n'ai pas de rencontre des Européens, Américains ou Australien à tous les coins de rues. Ce n'est pas non plus de voir que les Balinais se sont tournés vers le tourisme. Ils ont raison de répondre à la demande.
Non, ce qui nous a le plus déçu est de voir à quel point il ne pense pas à l'avenir et ce paradis est entrain d'être souiller a une échelle industrielle. Dans dix ans, cette île sera une véritable déchèterie à ciel ouvert si rien n'est fait, et ces eaux turquoises seront impraticables. Le gouvernement doit réagir rapidement pour le bien de ses habitants.